mp83 Membre (38 ans)
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Post� le 05/01/2010 � 11:27 Quelques éléments de réponse:
La définition de la valeur
Les dictionnaires donnent les définitions suivantes:
"Prix selon lequel un objet peut être échangé ou vendu." (Larousse);
"Caractère mesurable d'un objet en tant que susceptible d'être échangé, d'être désiré; qualité d'une chose fondée sur son utilité objective ou subjective [valeur d'usage], sur le rapport de l'offre à la demande [valeur d'échange], sur la quantité de travail nécessaire à la production." (Robert);
"Ce que coûte une chose qui se vend; ce que vaut une chose suivant l'estimation qui en est faite, une personne suivant la qualité, le talent qu'on lui accorde; utilité, importance" (Quillet)
La valeur est donc la dimension économique fondamentale d'un bien, objective ou subjective, orientée vers le commerce ou l'utilisation que la personne qui possède en fait ou veut en faire. Les biens économiques ont des valeurs qui varient selon les circonstances: temps, espace, mode, etc.
Les valeurs d'usage et d'échange
Nous parlerons donc généralement de valeur d'usage et de valeur d'échange. La valeur d'usage provient de la fonction économique directe d'un bien, alors que la valeur d'échange est soit presque spéculative, soit rattachée à la valeur d'usage qu'une autre personne pourrait accorder à ce bien.
Citons Adam Smith sur ce sujet:
"Les choses qui ont la plus grande valeur d'usage ont fréquemment peu ou pas de valeur d'échange; et au contraire, celles qui ont la plus grande valeur d'échange ont fréquemment peu ou pas de valeur d'usage. Rien n'est plus utile que l'eau; mais elle ne permet d'acheter que peu de choses; elle s'échange pour si peu de choses. Un diamant, au contraire, n'a que peu de valeur d'usage; mais une grande quantité d'autres biens peuvent être obtenus en échange."
La valeur d'usage
Fondadentalement, toute valeur dépend de l'utilisation que nous voulons faire d'un bien. Un objet inutile n'a aucune valeur. Tout ce qui se mange, se porte, se consomme a une valeur liée à ce que nous en faisons ou voulons en faire. C'est le besoin et l'utilité de ce bien qui en font la valeur.
C'est cette valeur qui est appelée valeur d'usage. Évidemment, la valeur d'usage dépend des personnes qui utilisent ce bien. Et la valeur d'usage varie d'une personne à l'autre. Ainsi, une canne n'est pas utile au jeune étudiant, mais elle est très utile au grand-père. Par contre, un jeune étudiant qui a un accident de ski saura apprécier l'aide des béquilles ou d'une canne, pendant au moins un certain temps!
Précisons la différence entre la valeur d'usage objective et subjective. Certains biens ont des destinations naturelles, objectives, comme le lait, les aliments, les biens essentiels. Leur valeur d'usage tient à leur nature: elle est objective.
D'autres biens ont une valeur d'usage subjective, dépendemment de la personne qui veut les utiliser. Par exemple, un boyau de pompier est peu utile pour un jardinier, qui utilisera plutôt un petit boyau. Par contre, ces petits boyaus sont inutiles, ou presque, pour les pompiers, qui ont besoin de plus de volume d'eau et de plus de pression pour éteindre les incendies.
La valeur d'échange
Certains biens n'ont pas une valeur d'usage immédiate pour leur propriétaire. C'est le cas de la monnaie, des objets de luxe, de la plupart des actifs fonciers, etc. Mais ils peuvent avoir une valeur pour d'autres personnes, qui les utiliseront à leur avantage.
Parmi ces biens, certains possèdent des valeurs artificielles, comme les métaux précieux, les bijoux, etc. Ces biens ne tirent pas leur valeur de l'usage que l'éventuel usager en fait ou qu'un usager potentiel veut en faire; leur valeur est plutôt due à des phénomènes psychologiques ou sociaux: les montrer, prouver la capacité de les avoir, en être l'unique propriétaire, etc. C'est la consommation somptuaire.
La valeur de tous les biens, quelque soit leur valeur d'usage, est rattachée au commerce. Un propriétaire de tel bien sait qu'une autre personne voudra l'acquérir et qu'elle en proposera éventuellement un autre en échange. La valeur de l'objet est donc reliée à un échange futur avec quelqu'un qui voudra se procurer cet objet pour son usage.
La valeur d'échange est toujours égale ou supérieure à la valeur d'usage du propriétaire actuel, sinon, celui-ci ne fait pas l'échange. Et cette valeur d'échange n'est jamais limitée, sinon par une abondance imprévue.
Les valeurs
Nous pouvons rapprocher cette distinction de valeur d'usage et de valeur d'échange des qualités intrinsèques ou extrinsèques d'une chose. Dans ce sens, nous dirons que la qualité intrinsèque établit la valeur d'usage et que la qualité extrinsèque établit la valeur d'échange.
Nous pouvons aussi l'assimiler à la perspective objective ou subjective. L'une, la valeur d'usage, est propre à l'objet, relative à sa nature même. L'autre, la valeur d'échange, vient de ce que chacun en pense, de ce que chacun y attribue, de ce que chacun y voit.
Terminons cette section avec une citation de David Ricardo:
"L'utilité n'est pas la mesure d'une valeur d'échange, même si cette utilité est absolument essentielle. Si un bien n'est pas utile - en d'autres mots, ne peut en aucune façon vous satisfaire - il perdra toute valeur d'échange, quelque rare qu'il soit, ou quelque soit la quantité d'ouvrage nécessaire à se le procurer. Une fois utile, un bien obtient sa valeur d'échange de deux sources: de sa rareté relative et de la quantité de travail requis pour l'obtenir." |